Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/326

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ouvoir,

Le rangera peut-être aux termes du devoir.

Rends inutile, Aglante, un si long artifice,

Ne me résiste point, viens voir ta Cléonice.

Tout est prêt chez sa mère, et l’on n’attend que toi,

Pour lui donner ta main et recevoir sa foi.

Songe avec quel amour, avec quelle tendresse,

De tes plus jeunes ans j’élevai la faiblesse.

Verrai-je tant de soins payés par un mépris,

Et ta rébellion en devenir le prix ?

Souffre que la raison soit enfin la plus forte ;

Tâche de mériter l’amour que je te porte.

Mais le voici qui vient : son visage étonné

M’est un signe bien clair d’un esprit mutiné,

Et je n’apprends que trop d’une telle surprise

Qu’une ardeur aveuglée engage sa franchise.

Scène II

Arbaze, Aglante

Arbaze

Aglante, quel dessein vous fait ainsi cacher ?

Prenez-vous du plaisir à vous faire chercher ?

D’où venez-vous enfin ?

Aglante

De ce proche ermitage.

Arbaze

Et qui vous y menait ?

Aglante

Ce fatal mariage.

Prêt d’en subir le joug sur la foi de vos yeux,

J’ai voulu consulter ces truchements des Dieux.

J’ai voulu m’informer de l’apprêt nécessaire

À finir dignement une si grande affaire ;

Me résoudre avec eux de la difficulté

Qui me tient, malgré moi, l’esprit inquiété,

Et soulevant mes sens contre votre puissance,

Mêle un peu d’amertume à mon obéi