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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/329

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la vue.

Le coup en vient du ciel, qui verse en nos esprits

Les principes secrets de prendre et d’être pris.

Tel objet perce un cœur qui ne touche pas l’autre,

Et mon œil voit peut-être autrement que le vôtre.

Encor si mon malheur vous pouvait rendre heureux,

Je courrais au-devant de mon sort rigoureux ;

Mais puisque mon destin, du vôtre inséparable,

Vous ferait malheureux si j’étais misérable,

Pour vous rendre content, souffrez que je le sois,

Et que mes yeux au moins examinent le choix.

Arbaze

Pensez à l’accepter sans me faire paraître

Que quand je suis content vous avez peine à l’être ;

Tandis entretenez cette jeune beauté :

C’est un soin que lui doit votre civilité ;

Nous sommes ses voisins.

Scène III

Arbaze, Florine, Aglante

Florine

Quoi, Monsieur, ma présence

De l’oncle et du neveu trouble la conférence ?

Arbaze, en s’en allant

Avant que de vous voir j’étais sur le départ,

Et vous n’aimez pas tant l’entretien d’un vieillard ;

Je crois que mon adieu vous plaira davantage,

Puisqu’il vous abandonne un galant de votre âge.

Florine

Il a toujours le mot, et sous ses cheveux gris

Sa belle humeur fait honte aux plus jeunes esprits.

Aglante

Son bonheur, à mon gré, passe bien l’ordinaire,

Puisque, tout vieux qu’il est, il a de quoi vous plaire.