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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/344

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gogne pour attendre que quelque poëte de réputation qu’ils voient dans une loge regarde de leur côté, afin d’avoir l’occasion de leur faire la révérence. Ils le montrent à ceux de leur compagnie, et leur disent : « Voilà M. de Rotrou, ou M. du Ryer, « il a bien parlé de ma pièce, qu’un de mes amis lui a depuis a peu montrée, b Tantôt ils s’éloigneront un peu d’eux, et reviendront incontinent leur dire : à Messieurs, je vous dea mande pardon de mon incivilité : je viens de saluer M. Corneille, qui n’arriva qu’hier de Rouen. Il m’a promis que demain nous irons voir ensemble M. Mairet, et qu’il me fera voir des vers d’une excellente pièce de théâtre qu’il a commencée. » Enfin, se jetant peu à peu sur le discours des auteurs du temps et de leurs ouvrages, ils révéleront tous les desseins des poètes, pour montrer qu’ils ont de grandes intrigues avec eux. Ils parleront du plan de Cléopatre et de cinq ou six autres sujets que son auteur[1] a tirés de l’Histoire romaine, dont il veut faire des sœurs à son incomparable Sophonisbe. Ils diront qu’ils ont vu des vers de l’Ulysse dupé[2] ; que Scudéry est au troisième acte de la Mort de César ; que la Médée est presque achevée ; que l’Innocente infidélité est la plus belle pièce de Rotrou, quoiqu’on ne s’imaginât pas qu’il pût s’élever au-dessus de celles qu’il avoit déjà faites ; que l’auteur d’Ifis et Iante[3] fait une autre Cléopatre pour la troupe Royale ; et que Chapelain n’a guère encore travaillé à son poëme de la Pucelle d’Orléans, ni Corneille à celui qu’il compose sur un ancien duc de son pays. »

Ce morceau a été écrit en 1635[4], et le 3 avril de cette même année Balzac adressait à Boisrobert l’éloge suivant de Mondory : « Nous devons cela à Jason, à Massinisse et à Brutus, qui vivent aujourd’hui en la personne de l’homme dont vous

  1. Mairet.
  2. Pièce inconnue et qui n’a sans doute pas été représentée.
  3. Benserade.
  4. Le titre complet de l’ouvrage est : le Parnasse ou la critique des poètes, par de la Pinelière, angevin, dédié à Monseigneur le marquis du Bellay. À Paris, chez Toussaint Quinet… M.DC.XXXV. In-8. Avec privilège du Roi. — Ce privilège ne se trouve point, non plus que l’achevé d’imprimer, dans l’exemplaire qui est à la bibliothèque de l’Arsenal, le seul que nous ayons pu voir.