Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/361

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Et pour m’en consoler il m’offre sa Créuse.
Qu’eussé-je fait, Pollux, en cette extrémité
Qui commettait ma vie avec ma loyauté ?
Car sans doute à quitter l’utile pour l’honnête,
La paix allait se faire aux dépens de ma tête ;
Le mépris insolent des offres d’un grand roi
Aux mains d’un ennemi livrait Médée et moi.
Je l’eusse fait pourtant, si je n’eusse été père :
L’amour de mes enfants m’a fait l’âme légère ;
Ma perte était la leur ; et cet hymen nouveau
Avec Médée et moi les tire du tombeau :
Eux seuls m’ont fait résoudre, et la paix s’est conclue.

Pollux.

Bien que de tous côtés l’affaire résolue
Ne laisse aucune place aux conseils d’un ami,
Je ne puis toutefois l’approuver qu’à demi.
Sur quoi que vous fondiez un traitement si rude,
C’est montrer pour Médée un peu d’ingratitude ;
Ce qu’elle a fait pour vous est mal récompensé.
Il faut craindre après tout son courage offensé :
Vous savez mieux que moi ce que peuvent ses charmes.

Jason.

Ce sont à sa fureur d’épouvantables armes ;
Mais son bannissement nous en va garantir.

Pollux.

Gardez d’avoir sujet de vous en repentir.

Jason.

Quoi qu’il puisse arriver, ami, c’est chose faite.

Pollux.

La termine le ciel comme je le souhaite !