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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/372

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ACTE II.


Scène première.

Médée, Nérine.


Nérine.

Bien qu’un péril certain suive votre entreprise,
Assurez-vous sur moi, je vous suis toute acquise ;
Employez mon service aux flammes, au poison,
Je ne refuse rien ; mais épargnez Jason.
Votre aveugle vengeance une fois assouvie,
Le regret de sa mort vous coûterait la vie ;
Et les coups violents d’un rigoureux ennui…

Médée.

Cesse de m’en parler et ne crains rien pour lui :
Ma fureur jusque-là n’oserait me séduire ;
Jason m’a trop coûté pour le vouloir détruire ;
Mon courroux lui fait grâce, et ma première ardeur
Soutient son intérêt au milieu de mon cœur.
Je crois qu’il m’aime encore, et qu’il nourrit en l’âme
Quelques restes secrets d’une si belle flamme,
Qu’il ne fait qu’obéir aux volontés d’un roi
Qui l’arrache à Médée en dépit de sa foi.
Qu’il vive, et s’il se peut, que l’ingrat me demeure ;