Aller au contenu

Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/374

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Va, purge mes États d’un monstre tel que toi ;
Délivre mes sujets et moi-même de crainte.

Médée.

De quoi m’accuse-t-on ? Quel crime, quelle plainte
Pour mon bannissement vous donne tant d’ardeur ?

Créon.

Ah ! l’innocence même, et la même candeur !
Médée est un miroir de vertu signalée :
Quelle inhumanité de l’avoir exilée !
Barbare, as-tu si tôt oublié tant d’horreurs ?
Repasse tes forfaits, repasse tes erreurs,
Et de tant de pays nomme quelque contrée
Dont tes méchancetés te permettent l’entrée.
Toute la Thessalie en armes te poursuit ;
Ton père te déteste, et l’univers te fuit :
Me dois-je en ta faveur charger de tant de haines,
Et sur mon peuple et moi faire tomber tes peines ?
Va pratiquer ailleurs tes noires actions ;
J’ai racheté la paix à ces conditions.

Médée.

Lâche paix, qu’entre vous, sans m’avoir écoutée,
Pour m’arracher mon bien vous avez complotée !
Paix, dont le déshonneur vous demeure éternel !