Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/379

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Soulevait contre moi toute la Thessalie,
Quand votre cœur, sensible à la compassion,
Malgré tous mes forfaits, prit ma protection.
Si l’on me peut depuis imputer quelque crime,
C’est trop peu que l’exil, ma mort est légitime :
Sinon, à quel propos me traitez-vous ainsi ?
Je suis coupable ailleurs, mais innocente ici.

Créon.

Je ne veux plus ici d’une telle innocence,
Ni souffrir en ma cour ta fatale présence.
Va…

Médée.

Va… Dieux justes, vengeurs…

Créon.

Va… Dieux justes, vengeurs… Va, dis-je, en d’autres lieux
Par tes cris importuns solliciter les dieux.
Laisse-nous tes enfants : je serais trop sévère,
Si je les punissais des crimes de leur mère ;
Et bien que je le pusse avec juste raison,
Ma fille les demande en faveur de Jason.

Médée.

Barbare humanité, qui m’arrache à moi-même,
Et feint de la douceur pour m’ôter ce que j’aime !
Si Jason et Créuse ainsi l’ont ordonné,
Qu’ils me rendent le sang que je leur ai donné.

Créon.

Ne me réplique plus, suis la loi qui t’est faite ;
Prépare ton départ, et pense à ta retraite.