Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/378

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Son crime, s’il en a, c’est de t’avoir pour femme.
Laisse-le s’affranchir d’une honteuse flamme ;
Rends-lui son innocence en t’éloignant de nous ;
Porte en d’autres climats ton insolent courroux ;
Tes herbes, tes poisons, ton cœur impitoyable,
Et tout ce qui jamais a fait Jason coupable.

Médée.

Peignez mes actions plus noires que la nuit ;
Je n’en ai que la honte, il en a tout le fruit ;
Ce fut en sa faveur que ma savante audace
Immola son tyran par les mains de sa race ;
Joignez-y mon pays et mon frère : il suffit
Qu’aucun de tant de maux ne va qu’à son profit.
Mais vous les saviez tous quand vous m’avez reçue ;
Votre simplicité n’a point été déçue :
En ignoriez-vous un quand vous m’avez promis
Un rempart assuré contre mes ennemis ?
Ma main, saignante encor du meurtre de Pélie,