Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/384

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Jason.

N’en doutez point, ma reine, elle vous est acquise.
Je vais chercher Nérine, et par son entremise
Obtenir de Médée avec dextérité
Ce que refuserait son courage irrité.
Pour elle, vous savez que j’en fuis les approches,
J’aurais peine à souffrir l’orgueil de ses reproches ;
Et je me connais mal, ou dans notre entretien
Son courroux s’allumant allumerait le mien.
Je n’ai point un esprit complaisant à sa rage,
Jusques à supporter sans réplique un outrage ;
Et ce seraient pour moi d’éternels déplaisirs
De reculer par là l’effet de vos désirs.
Mais sans plus de discours, d’une maison voisine
Je vais prendre le temps que sortira Nérine.
Souffrez, pour avancer votre contentement,
Que malgré mon amour je vous quitte un moment.

Cléone.

Madame, j’aperçois venir le roi d’Athènes.

Créuse.

Allez donc, votre vue augmenterait ses peines.

Cléone.

Souvenez-vous de l’air dont il le faut traiter.

Créuse.

Ma bouche accortement saura s’en acquitter.