Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/390

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D’un louable désir mon cœur sollicité
Lui ferait avec joie une infidélité :
Mais loin de s’arrêter, sa rage découverte,
À celle de Créuse ajouterait ma perte ;
Et mon funeste avis ne servirait de rien
Qu’à confondre mon sang dans les bouillons du sien.
D’un mouvement contraire à celui de mon âme,
La crainte de la mort m’ôte celle du blâme ;
Et ma timidité s’efforce d’avancer
Ce que hors du péril je voudrais traverser.


Scène II.

Jason, Nérine.


Jason.

Nérine, eh bien, que dit, que fait notre exilée ?
Dans ton cher entretien s’est-elle consolée ?
Veut-elle bien céder à la nécessité ?

Nérine.

Je trouve en son chagrin moins d’animosité ;
De moment en moment son âme plus humaine
Abaisse sa colère, et rabat de sa haine :
Déjà son déplaisir ne vous veut plus de mal.

Jason.

Fais-lui prendre pour tous un sentiment égal.
Toi, qui de mon amour connaissais la tendresse,