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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/389

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ACTE III.


Scène première.


Nérine.

Malheureux instrument du malheur qui nous presse,
Que j’ai pitié de toi, déplorable princesse !
Avant que le soleil ait fait encore un tour,
Ta perte inévitable achève ton amour.
Ton destin te trahit, et ta beauté fatale
Sous l’appas d’un hymen t’expose à ta rivale ;
Ton sceptre est impuissant à vaincre son effort ;
Et le jour de sa fuite est celui de ta mort.
Sa vengeance à la main elle n’a qu’à résoudre,
Un mot du haut des cieux fait descendre le foudre,
Les mers, pour noyer tout, n’attendent que sa loi ;
La terre offre à s’ouvrir sous le palais du roi ;
L’air tient les vents tout prêts à suivre sa colère,
Tant la nature esclave a peur de lui déplaire ;
Et si ce n’est assez de tous les éléments,
Les enfers vont sortir à ses commandements.
Moi, bien que mon devoir m’attache à son service,
Je lui prête à regret un silence complice :