Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/399

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Médée.

Fuis-les, fuis-les tous deux, suis Médée à ton tour,
Et garde au moins ta foi, si tu n’as plus d’amour.

Jason.

Il est aisé de fuir, mais il n’est pas facile
Contre deux rois aigris de trouver un asile.
Qui leur résistera, s’ils viennent à s’unir ?

Médée.

Qui me résistera, si je te veux punir,
Déloyal ? Auprès d’eux crains-tu si peu Médée ?
Que toute leur puissance, en armes débordée,
Dispute contre moi ton cœur qu’ils m’ont surpris,
Et ne sois du combat que le juge et le prix !
Joins-leur, si tu le veux, mon père et la Scythie,
En moi seule ils n’auront que trop forte partie.
Bornes-tu mon pouvoir à celui des humains ?
Contr’eux, quand il me plaît, j’arme leurs propres mains ;
Tu le sais, tu l’as vu, quand ces fils de la Terre
Par leurs coups mutuels terminèrent leur guerre.
Misérable ! je puis adoucir des taureaux ;
La flamme m’obéit, et je commande aux eaux ;