Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/398

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Médée.

Je l’empêcherai bien ce mélange odieux,
Qui déshonore ensemble et ma race et les dieux.

Jason.

Lassés de tant de maux, cédons à la fortune.

Médée.

Ce corps n’enferme pas une âme si commune ;
Je n’ai jamais souffert qu’elle me fît la loi,
Et toujours ma fortune a dépendu de moi.

Jason.

La peur que j’ai d’un sceptre…

Médée.

La peur que j’ai d’un sceptre… Ah ! cœur rempli de feinte,
Tu masques tes désirs d’un faux titre de crainte ;
Un sceptre est l’objet seul qui fait ton nouveau choix.

Jason.

Veux-tu que je m’expose aux haines de deux rois
Et que mon imprudence attire sur nos têtes,
D’un et d’autre côté, de nouvelles tempêtes ?