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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/424

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La Parque impitoyable en éteint le flambeau,
Et pour lit nuptial il te faut un tombeau !
Ah ! rage, désespoir, destins, feux, poisons, charmes,
Tournez tous contre moi vos plus cruelles armes :
S’il faut vous assouvir par la mort de deux rois,
Faites en ma faveur que je meure deux fois,
Pourvu que mes deux morts emportent cette grâce
De laisser ma couronne à mon unique race,
Et cet espoir si doux, qui m’a toujours flatté,
De revivre à jamais en sa postérité.

Créuse.

Cléone, soutenez, je chancelle, je tombe ;
Mon reste de vigueur sous mes douleurs succombe ;
Je sens que je n’ai plus à souffrir qu’un moment.
Ne me refusez pas ce triste allégement,
Seigneur, et si pour moi quelque amour vous demeure,
Entre vos bras mourants permettez que je meure.
Mes pleurs arrouseront vos mortels déplaisirs ;
Je mêlerai leurs eaux à vos brûlants soupirs.
Ah ! je brûle, je meurs, je ne suis plus que flamme ;
De grâce, hâtez-vous de recevoir mon âme.
Quoi ! vous vous éloignez !

Créon.

Quoi ! vous vous éloignez ! Oui, je ne verrai pas,