Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/430

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Ce poignard que tu vois vient de chasser leurs âmes,
Et noyer dans leur sang les restes de nos flammes.
Heureux père et mari, ma fuite et leur tombeau
Laissent la place vide à ton hymen nouveau.
Réjouis-t’en, Jason, va posséder Créuse :
Tu n’auras plus ici personne qui t’accuse ;
Ces gages de nos feux ne feront plus pour moi
De reproches secrets à ton manque de foi.

Jason.

Horreur de la nature, exécrable tigresse !

Médée.

Va, bienheureux amant, cajoler ta maîtresse :
À cet objet si cher tu dois tous tes discours ;
Parler encore à moi, c’est trahir tes amours.
Va lui, va lui conter tes rares aventures,
Et contre mes effets ne combats point d’injures.

Jason.

Quoi ! tu m’oses braver, et ta brutalité
Pense encore échapper à mon bras irrité ?
Tu redoubles ta peine avec cette insolence.

Médée.

Et que peut contre moi ta débile vaillance ?
Mon art faisait ta force, et tes exploits guerriers
Tiennent de mon secours ce qu’ils ont de lauriers.

Jason.

Ah ! c’est trop en souffrir ; il faut qu’un prompt supplice