Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/429

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N’apaise point encor les mânes de deux rois,
Je serai la seconde ; et mon esprit fidèle
Ira gêner là-bas son âme criminelle,
Ira faire assembler pour sa punition
Les peines de Titye à celle d’Ixion.
(Cléone et le reste emportent le corps de Créon et de Créuse, et Jason continue seul.)
Mais leur puis-je imputer ma mort en sacrifice ?
Elle m’est un plaisir, et non pas un supplice.
Mourir, c’est seulement auprès d’eux me ranger,
C’est rejoindre Créuse, et non pas la venger.
Instruments des fureurs d’une mère insensée,
Indignes rejetons de mon amour passée,
Quel malheureux destin vous avait réservés
À porter le trépas à qui vous a sauvés ?
C’est vous, petits ingrats, que, malgré la nature,
Il me faut immoler dessus leur sépulture.
Que la sorcière en vous commence de souffrir ;
Que son premier tourment soit de vous voir mourir.
Toutefois qu’ont-ils fait, qu’obéir à leur mère ?


Scène VI.

Médée, Jason.


Médée, en haut sur un balcon.

Lâche, ton désespoir encore en délibère ?
Lève les yeux, perfide, et reconnais ce bras
Qui t’a déjà vengé de ces petits ingrats ;