442 L’ILLUSION.
Mon cavalier, de grâce, il faut faire retraite,
Et souffrir qu’entre nous l’histoire en soit secrète.
Pour un si bon ami je n’ai point de secrets.
Il nous faut sans réplique, accepter ses arrêts ;
Je vous attends chez moi.
Il vous apprendra tout quand vous serez ensemble.
Scène III
Votre fils tout d’un coup ne fut pas grand seigneur ;
Toutes ses actions ne vous font pas honneur.
Et je serois marri d’exposer sa misère
En spectacle à des yeux autres que ceux d’un père.
Il vous prit quelque argent, mais ce petit butin
À peine lui dura du soir jusqu’au matin ;
Et pour gagner Paris, il vendit par la plaine
Des brevets à chasser la fièvre et la migraine,
Dit la bonne aventure, et s’y rendit ainsi.
Là, comme on vit d’esprit, il en vécut aussi.
Dedans Saint-Innocent il se fit secrétaire ;
1. Après le nom D'ALCANDRE, Thomas Corneille, dans l'édition de 1692, a ajouté ici, et plus bas à la fin de la scène : à Dorante, indication qui n’est pas inutile pour la clarté.
2. Var. Il vous faut sans réplique accepter ses arrêts. (1639)
3. Un grand nombre d’écrivains publics étaient alors établis dans le cloître de Saint-Innocent. L’auteur d’un petit écrit publié en 1615 et qui a pour titre Le Secrétaire de Saint-Innocent, fait l'apologie de cette profession, "laquelle,