Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/470

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456 L’ILLUSIOIN.

 Sur le rare bonheur où je coule ma vie ;
Le commerce discret de nos affections
N’a besoin que de lui pour ces commissions.

Matamore

Vous avez, Dieu me sauve ! un esprit à ma mode ;
Vous trouvez, comme moi, la grandeur incommode.
Les sceptres les plus beaux n’ont rien pour moi d’exquis :
Je les rends aussitôt que je les ai conquis,
Et me suis vu charmer quantité de princesses,
Sans que jamais mon cœur les voulût pour maîtresses.

Isabelle.

Certes en ce point seul je manque un peu de foi.
Que vous ayez quitté des princesses pour moi !
Que vous leur refusiez un cœur dont je dispose !

Matamore.


Je crois que la Montagne en saura quelque chose.
Viens çà. Lorsqu’en la Chine, en ce fameux tournoi,
Je donnai dans la vue aux deux filles du Roi,
Que te dit-on en cour de cette jalousie
Dont pour moi toutes deux eurent l’âme saisie ?

Clindor

Par vos mépris enfin l’une et l’autre mourut.
J’étais lors en Égypte, où le bruit en courut ;
Et ce fut en ce temps que la peur de vos armes
Fit nager le grand Caire en un fleuve de larmes.
Vous veniez d’assommer dix géants en un jour ;
Vous aviez désolé les pays d’alentour,


 1. En marge, dans l’édition de (1639) : Elle montre Clindor.
2. Var. Sans que jamais mon cœur acceptât ces maîtresses. (1639)
. Var. Qu’elles n’aient pu blesser un cœur dont je dispose ! (1639-57)
4. Ici l’édition de 1692 ajoute : montrant Clindor.
5. Var. Sus-tu rien de leur flamme et de la jalousie. (1639-57)
6. Var. Dont pour moi toutes deux avoient l’âme saisie ? (1639)
7. Dans l’impression de 1682 : « l’un et l’autre, " ce qui est une faute
évidente.