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ACTE III, SCÈNE I. 469

Isabelle.

 Mon heur et mon repos, que je ne puis trahir.
Ce que vous appelez un heureux hyménée
N’est pour moi qu’un enfer si j’y suis condamnée.

Géronte

Ah ! qu’il en est encor de mieux faites que vous
Qui se voudroient bien voir dans un enfer si doux !
Après tout, je le veux ; cédez à ma puissance.

Isabelle.

Faites un autre essai de mon obéissance.

Géronte.

Ne me répliquez plus quand j’ai dit : Je le veux.
Rentrez : c’est désormais trop contesté nous deux.


Scène II



Géronte.

Qu’à présent la jeunesse a d’étranges manies !
Les règles du devoir lui sont des tyrannies,
Et les droits les plus saints deviennent impuissants
Contre cette fierté qui l’attache à son sens.
Telle est l’humeur du sexe ; il aime à contredire,
Rejette obstinément le joug de notre empire.
Ne suit que son caprice en ses affections,
Et n’est jamais d’accord de nos élections.
N’espère pas pourtant, aveugle et sans cervelle,
Que ma prudence cède à ton esprit rebelle.
Mais ce fou viendra-t-il toujours m’embarrasser ?
Par force ou par adresse il me le faut chasser.


 1. L’édition de 1648 porte, par erreur sans doute, contester, à l’infinitif.
2. Var. À l’empêcher de courre après son propre sens ;
Mais c’est l’humeur du sexe : il aime à contredire,
Pour secouer, s’il peut, le joug de notre empire. (1639-57)