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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/493

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ACTE III, SCÈNE VII. 479



Scène VII

Matamore.

Les voilà, sauvons-nous. Non, je ne vois personne.
Avançons hardiment. Tout le corps me frissonne.
Je les entends, fuyons. Le vent faisoit ce bruit.
Marchons sous la faveur des ombres de la nuit.
Vieux rêveur, malgré toi j’attends ici ma reine.
xxCes diables de valets me mettent bien en peine.
De deux mille ans et plus, je ne tremblai si fort.
C’est trop me hasarder : s’ils sortent, je suis mort ;
Car j’aime mieux mourir que leur donner bataille,
Et profaner mon bras contre cette canaille.
Que le courage expose à d’étranges dangers !
Toutefois, en tout cas, je suis des plus légers ;
S’il ne faut que courir, leur attente est dupée :
J’ai le pied pour le moins aussi bon que l’épée.
Tout de bon, je les vois : c’est fait, il faut mourir ;
J’ai le corps si glacé, que je ne puis courir.
Destin, qu’à ma valeur tu te montres contraire !…
C’est ma reine elle-même, avec mon secrétaire !
Tout mon corps se déglace : écoutons leurs discours,
Et voyons son adresse à traiter mes amours.


Scène VIII



Clindor, Isabelle, Matamore

Isabelle

(Matamore écoute caché.)

Tout se prépare mal du côté de mon père ;


1. Var. Coulons-nous en faveur des ombres de la nuit. (1639-60)
2. Var. J’ai le corps tout glacé, je ne saurois courir. (1639-60)
3. Cette indication manque dans l’édition de 1639 et dans celles de 1648-60.