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ACTE III, SCÈNE IX. 483

Clindor

De fuir en diligence, ou d’être bien battu.

Matamore

Me menacer encore ! ah, ventre ! quelle audace !
Au lieu d’être à genoux, et d’implorer ma grâce !…
Il a donné le mot, ces valets vont sortir…
Je m’en vais commander aux mers de t’engloutir.

Clindor

Sans vous chercher si loin un si grand cimetière,
Je vous vais, de ce pas, jeter dans la rivière.

Matamore

Ils sont d’intelligence. Ah, tête !

Clindor

xxxxxxxxxxxxxxxx Point de bruit :
J’ai déjà massacré dix hommes cette nuit ;
Et si vous me fâchez, vous en croîtrez le nombre.

Matamore

Cadédiou ! ce coquin a marché dans mon ombre ;
Il s’est fait tout vaillant d’avoir suivi mes pas :
S’il avoit du respect, j’en voudrois faire cas.
xxEcoute : je suis bon, et ce seroit dommage
De priver l’univers d’un homme de courage.
Demande-moi pardon, et cesse par tes feux
De profaner l’objet digne seul de mes vœux ;
Tu connois ma valeur, éprouve ma clémence.

Clindor

Plutôt, si votre amour a tant de véhémence,
Faisons deux coups d’épée au nom de sa beauté.


<poem>1. On lit ses valets dans les éditions de 1644, de 1652 et de 1654. 2. Par une erreur singulière, on a imprimé dans les éditions de 1652-57 :

J’ai déjà massacré dix hommes en cette nuit.

3. Var. Demande-moi pardon, et quitte cet objet, Dont les perfections m’ont rendu son sujet. (1639-57)