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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/523

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ACTE V, SCÈNE II. 509

L’honneur d’un galant homme est d’avoir des maîtresses.

Isabelle.

Ôte-moi cet honneur et cette vanité,
De se mettre en crédit par l’infidélité.
Si pour haïr le change et vivre sans amie
Un homme tel que lui tombe dans l’infamie,
Je le tiens glorieux d’être infâme à ce prix ;
S’il en est méprisé, j’estime ce mépris.
Le blâme qu’on reçoit d’aimer trop une femme
Aux maris vertueux est un illustre blâme.

Lyse.

Madame, il vient d’entrer ; la porte a fait du bruit.

Isabelle.

Retirons-nous, qu’il passe.

Lyse.

xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx Il vous voit et vous suit.


Scène III



Clindor, représentant Théagène ; Isabelle, représentant Hippolyte ; Lyse, représentant Clarine.


Clindor.

Vous fuyez, ma princesse, et cherchez des remises :
Sont-ce là les douceurs que vous m’aviez promises ?


Où le vôtre se perd, le leur est sans hasard (a),
Et la même action entre eux et nous commune
Est pour nous déshonneur, pour eux bonne fortune.
La chasteté n’est plus la vertu d’un mari ;
La princesse du vôtre a fait son favori :
Sa réputation croîtra par ses caresses ;
[L’honneur d’un galant homme est d’avoir des maîtresses.] (1639-57)
1. Var. Un homme comme lui tombe dans l’infamie. (1639-60)
2. Var. Sont-ce là les faveurs que vous m’aviez promises ?
Où sont tant de baisers dont votre affection

(a) Où le nôtre se perd, le leur est sans hasard. (1644-57)