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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/526

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512 L’ILLUSION.

En quelle occasion m’as-tu vu te contraindre ?
As-tu reçu de moi ni froideurs, ni mépris ?
Les femmes, à vrai dire, ont d’étranges esprits !
Qu’un mari les adore, et qu’un amour extrême
À leur bizarre humeur le soumette lui-même,
Qu’il les comble d’honneurs et de bons traitements,
Qu’il ne refuse rien à leurs contentements :
S’il fait la moindre brèche à la foi conjugale,
Il n’est point à leur gré de crime qui l’égale ;
C’est vol, c’est perfidie, assassinat, poison,
C’est massacrer son père et brûler sa maison :
Et jadis des Titans l’effroyable supplice
Tomba sur Encelade avec moins de justice.

Isabelle.

Je te l’ai déjà dit, que toute ta grandeur
Ne fut jamais l’objet de ma sincère ardeur.
Je ne suivois que toi, quand je quittai mon père ;
Mais puisque ces grandeurs t’ont fait l’âme légère,
Laisse mon intérêt : songe à qui tu les dois.
xx Florilame lui seul t’a mis où tu te vois :
À peine il te connut qu’il te tira de peine ;
De soldat vagabond il te fit capitaine ;


Chercher un rang pareil à celui que tu tiens.
Qui te manque après tout ? de quoi peux-tu te plaindre ? (1639-57)
1. Var. Qu’un mari les adore, et qu’une amour extrême. (1639-54)
2. Voici les différentes manières dont ce vers a été imprimé dans les différentes éditions :

A leur bigearre humeur ce soumette lui-même. (1639)
A leur bigearre humeur le soumettre lui-même. (1644)
A leur bigearre humeur se soumette lui-même. (1648-54)
A leur bizarre humeur se soumettre lui-même. (1657)
A leur bigearre humeur le soumette lui-même. (1660)
A leur bizarre humeur le soumettre lui-même. (1663-82)

Nous avons cru devoir adopter la leçon de 1660, en substituant bizarre à bigearre, comme l’ont fait les éditions suivantes.
3. Var. Fait-il la moindre brèche à la foi conjugale. (1639-57)
4.Var. Laisse mon intérêt : songe à qui tu le dois. (1639)