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ACTE V, SCÈNE III. 513
- Et le rare bonheur qui suivit cet emploi
- Joignit à ses faveurs les faveurs de son roi.
- Quelle forte amitié n’a-t-il point fait paroître
- À cultiver depuis ce qu’il avoit fait naître ?
- Par ses soins redoublés n’es-tu pas aujourd’hui
- Un peu moindre de rang, mais plus puissant que lui ?
- Il eût gagné par là l’esprit le plus farouche,
- Et pour remercîment tu veux souiller sa couche !
- Dans ta brutalité trouve quelques raisons,
- Et contre ses faveurs défends tes trahisons.
- Il t’a comblé de biens, tu lui voles son âme !
- Il t’a fait grand seigneur, et tu le rends infâme !
- Ingrat, c’est donc ainsi que tu rends les bienfaits ?
- Et ta reconnoissance a produit ces effets ?
Clindor.
- Mon âme (car encor ce beau nom te demeure,
- Et te demeurera jusqu’à tant que je meure),
- Crois-tu qu’aucun respect ou crainte du trépas
- Puisse obtenir sur moi ce que tu n’obtiens pas ?
- Dis que je suis ingrat, appelle-moi parjure ;
- Mais à nos feux sacrés ne fais plus tant d’injure :
- Ils conservent encor leur première vigueur ;
- Et si le fol amour qui m’a surpris le cœur
- Avait pu s’étouffer au point de sa naissance,
- Celui que je te porte eût eu cette puissance ;
- Mais en vain mon devoir tâche à lui résister :
- Toi-même as éprouvé qu’on ne le peut dompter.
- Ce dieu qui te força d’abandonner ton père,
1. f^ar. Par ces soins redouWcs n’es-tu pas aujourd’Imi. (1G4S)
2. f^ar. Et pour remercîment tu vas souiller sa couche I Dans ta brutalité trouve quelque raison, Et conti-e ses faveurs défends ta trahison. C63g-57)
3. Les éditions de lOSg et de 166j écrivent : /es biens Jults.
4. f^ar. Je t’aime, et si l’amour qui m’a surpris le cœur. C(îj9-57)
5. Vur. Mais en vain contre lui l’on tâche à résister. C639-, ^7)
Corneille, à 33