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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/131

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ACTE I, SCÈNE IV.

M’as servi de parade, et non pas de défense,
Va, quitte désormais le dernier des humains,
260Passe, pour me venger, en de meilleures mains[1].


Scène V.

DON DIÈGUE, DON RODRIGUE.
DON DIÈGUE.

Rodrigue, as-tu du cœur ?

DON RODRIGUE.

Rodrigue, as-tu du cœur ? Tout autre que mon père
L’éprouveroit sur l’heure.

DON DIÈGUE.

L’éprouverait sur l’heure.Agréable colère !
Digne ressentiment à ma douleur bien doux !
Je reconnois mon sang à ce noble courroux ;
265Ma jeunesse revit en cette ardeur si prompte.
Viens, mon fils, viens, mon sang, viens réparer ma honte ;
Viens me venger.

DON RODRIGUE.

Viens me venger.De quoi ?

DON DIÈGUE.

Viens me venger.De quoi ?D’un affront si cruel,
Qu’à l’honneur de tous deux il porte un coup mortel :
D’un soufflet. L’insolent en eût perdu la vie ;
270Mais mon âge a trompé ma généreuse envie :
Et ce fer que mon bras ne peut plus soutenir,
Je le remets au tien pour venger et punir.

  1. Var. [Passe, pour me venger, en de meilleures mains.]
    Si Rodrigue est mon fils, il faut que l’amour cède,
    Et qu’une ardeur plus haute à ses flammes succède :
    Mon honneur est le sien, et le mortel affront
    Qui tombe sur mon chef rejaillit sur son front (a). (1637-56)


    (a) Ce vers termine la scène dans les éditions indiquées.