Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/132

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Va contre un arrogant éprouver ton courage :
Ce n’est que dans le sang qu’on lave un tel outrage ;
Meurs ou tue. Au surplus, pour ne te point flatter,
Je te donne à combattre un homme à redouter :
Je l’ai vu, tout couvert de sang et de poussière[1],
Porter partout l’effroi dans une armée entière.
J’ai vu par sa valeur cent escadrons rompus ;
Et pour t’en dire encor quelque chose de plus,
Plus que brave soldat, plus que grand capitaine,
C’est…

Don Rodrigue.

C’est… De grâce, achevez.

Don Diègue.

C’est… De grâce, achevez. Le père de Chimène.

Don Rodrigue.

Le…

Don Diègue.

Le… Ne réplique point, je connois ton amour ;
Mais qui peut vivre infâme est indigne du jour.
Plus l’offenseur est cher, et plus grande est l’offense.
Enfin tu sais l’affront, et tu tiens la vengeance :
Je ne te dis plus rien. Venge-moi, venge-toi ;
Montre-toi digne fils d’un père tel que moi[2].
Accablé des malheurs où le destin me range,
Je vais les déplorer : va, cours, vole, et nous venge[3].

  1. Var. Je l’ai vu tout sanglant, au milieu des batailles,
    Se faire un beau rempart de mille funérailles.
    don rodr. Son nom ? c’est perdre temps en propos superflus.
    don dièg. Donc pour te dire encor quelque chose de plus. (1637-56)

  2. Var. Montre-toi digne fils d’un tel père que moi. (1637-56)
  3. Var. Je m’en vais les pleurer : va, cours, vole, et nous venge. (1637-56)