Cette page a été validée par deux contributeurs.
135
ACTE II, SCÈNE V.
Scène V.
L’INFANTE, LÉONOR.
L’Infante.
Hélas ! que dans l’esprit je sens d’inquiétude !
Je pleure ses malheurs, son amant me ravit ;
Mon repos m’abandonne, et ma flamme revit.
Ce qui va séparer Rodrigue de Chimène
Fait renaître à la fois mon espoir et ma peine[1] ;
Et leur division, que je vois à regret,
Dans mon esprit charmé jette un plaisir secret.
Léonor.
Cette haute vertu qui règne dans votre âme
Se rend-elle sitôt à cette lâche flamme ?
L’Infante.
Pompeuse et triomphante elle me fait la loi :
Porte-lui du respect, puisqu’elle m’est si chère.
Ma vertu la combat, mais malgré moi j’espère ;
Et d’un si fol espoir mon cœur mal défendu
Vole après un amant que Chimène a perdu.
Léonor.
Vous laissez choir ainsi ce glorieux courage,
Et la raison chez vous perd ainsi son usage ?
L’Infante.