Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/153

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Un flux de pleine mer jusqu’ici les amène[1].
Toutefois j’aurois tort de jeter dans les cœurs,
L’avis étant mal sûr, de paniques terreurs.
L’effroi que produiroit cette alarme inutile,
Dans la nuit qui survient troubleroit trop la ville :
Faites doubler la garde aux murs et sur le port[2].
C’est assez pour ce soir[3].


Scène VII.

DON FERNAND, DON SANCHE, DON ALONSE.
Don Alonse.

C’est assez pour ce soir[3]. Sire, le Comte est mort :
Don Diègue, par son fils, a vengé son offense.

Don Fernand.

Dès que j’ai su l’affront, j’ai prévu la vengeance[4] ;
Et j’ai voulu dès lors prévenir ce malheur.

Don Alonse.

Chimène à vos genoux apporte sa douleur ;
Elle vient toute[5] en pleurs vous demander justice.

Don Fernand.

Bien qu’à ses déplaisirs mon âme compatisse[6],
Ce que le comte a fait semble avoir mérité
Ce digne châtiment de sa témérité[7].
Quelque juste pourtant que puisse être sa peine,

  1. Voyez ci-dessus, p. 97 et 98.
  2. Var. Puisqu’on fait bonne garde aux murs et sur le port,
    Il IIl suffit pour ce soir (a). (1637-56)
    (a) Il n’y a pas ici de distinction de scène dans les éditions indiquées.
  3. Voyez ci-dessus, p. 96.
  4. Voyez ci-dessus, p. 95.
  5. Les éditions de 1639, de 1644 in-4o et de 1648 portent : « tout en pleurs. »
  6. Var. Bien qu’à ses déplaisirs mon amour compatisse. (1652-60)
  7. Var. Ce juste châtiment de sa témérité. (1637-56)