Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/18

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renoncé à sa profession pour s’adonner sans partage à l’étude de la bibliographie et de la littérature de son pays, don Cayetano Alberto de la Barrera y Leirado, a publié aux frais de l’État un Catalogue bibliographique et biographique de l’ancien théâtre espagnol depuis son origine jusqu’au milieu du dix-huitième siècle. On y trouve la notice suivante :

« Juan-Bautista Diamante, un des plus féconds et des plus renommés poètes dramatiques qu’ait produits l’Espagne dans la seconde moitié du dix-septième siècle. On ignore la date de sa naissance, mais on peut la fixer avec assez de vraisemblance entre 1630 et 1640. Notre poêle commença à travailler pour le théâtre vers 1657. Il est possible que son premier ouvrage ait été el Honrador de su padre, qui parut imprimé dans la première partie d’un recueil de comédies de divers auteurs, Madrid, 1659, et dans lequel on remarque des beautés de premier ordre, au travers de ses nombreuses irrégularités. Diamante avait sous les yeux, en écrivant cette pièce, las Mocedades del Cid, de Guillem de Castro, et l’imitation qui en a été faite par Corneille, et il a pris de l’un et de l’autre ce qui lui a paru bon. »

Après avoir lu cet article, M. Antoine de Latour s’empressa de faire demander à don Cayetano Alberto de la Barrera quelques communications au sujet des documents d’après lesquels il l’avait rédigé ; bientôt le savant bibliographe fit parvenir à notre compatriote la réponse suivante :

« Votre question ne pouvait venir plus à propos. Juste au moment où elle m’arrive, je tiens dans mes mains ce bon Juan-Bautista Diamante. Car voici plusieurs jours que je m’occupe à extraire les pièces d’un procès qui lui fut intenté en 1648 et qui vient d’échapper par bonheur au sort qui le menaçait, car on allait en faire des paquets. Les faits intéressants que j’en ai tirés me sont arrivés trop tard de quelques jours pour pouvoir être insérés dans le dernier appendice ou supplément de mon ouvrage. Je m’étais servi, pour écrire l’article qui le concerne, des faits qui se trouvent dans Barbosa Machado et dans Nicolas Antonio, et de ceux que j’ai pu moi-même trouver ailleurs. Voyant que, dès 1658, il prenait déjà le titre de licencié, comme cela résulte du manuscrit autographe de sa comédie el Veneno para si, qui existe dans la bibliothèque de M. le duc