Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/200

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Puisqu’il faut qu’il y meure, ou qu’il soit son mari,
Votre espérance est morte, et votre esprit guéri.

L’Infante.

Ah ! qu’il s’en faut encor[1] !

Léonor.

Ah ! qu’il s’en faut encor[1] !Que pouvez-vous prétendre ?

L’Infante.

Mais plutôt quel espoir me pourrois-tu défendre ?
Si Rodrigue combat sous Pour en rompre l’effet, ces conditions,
j’ai trop d’inventions.
L’amour, ce doux auteur de mes cruels supplices,
Aux esprits des amants apprend trop d’artifices.

Léonor.

Pourrez-vous quelque chose, après qu’un père mort
N’a pu dans leurs esprits allumer de discord ?
Car Chimène aisément montre par sa conduite
Que la haine aujourd’hui ne fait pas sa poursuite.
Elle obtient un combat, et pour son combattant
C’est le premier offert qu’elle accepte à l’instant :
Elle n’a point recours à ces mains généreuses[2]
Que tant d’exploits fameux rendent si glorieuses ;
Don Sanche lui suffit, et mérite son choix[3],
Parce qu’il va s’armer pour la première fois.
Elle aime en ce duel son peu d’expérience ;
Comme il est sans renom, elle est sans défiance ;
Et sa facilité vous doit bien faire voir[4]
Qu’elle cherche un combat qui force son devoir,

  1. Var. Oh ! qu’il s’en faut encor ! (1637-56)
  2. Var. Elle ne choisit point de ces mains généreuses. (1637-56)
  3. Var. Don Sanche lui suffit : c’est la première fois
    ---Que ce jeune seigneur endosse (a) le harnois. (1637-56)

    (a) L’édition de 1644 in-12 porte endossa, pour endosse.
  4. Var. Un tel choix et si prompt vous doit bien faire voir. (1637-56)