N’espère rien de moi, tu ne m’as point servie :
En croyant me venger, tu m’as ôté la vie.
Étrange impression, qui loin de m’écouter…
Que j’entende à loisir avec quelle insolence
Tu peindras son malheur, mon crime et ta vaillance[1] ?
Scène VI.
Sire, il n’est plus besoin de vous dissimuler
Ce que tous mes efforts ne vous ont pu celer.
J’aimois, vous l’avez su ; mais pour venger mon père[2],
J’ai bien voulu proscrire[3] une tête si chère :
- ↑ Var, [Tu peindras son malheur, mon crime et ta vaillance ?]
Qu’à tes yeux ce récit tranche mes tristes jours ?
Va, va, je mourrai bien sans ce cruel secours (a) ;
Abandonne mon âme au mal qui la possède :
Pour venger mon amant, je ne veux point qu’on m’aide (b). (1637-56)
(a) Va, va, je mourrai bien sans ton cruel secours. (1644 in-12)
(b) Ce vers termine la scène dans les éditions indiquées. - ↑ Var. J’aimois, vous l’avez su ; mais pour venger un père. (1637-44 in-4o)
Var. J’aimois, vous le savez ; mais pour venger un père. (1644 in-12) - ↑ Les éditions de 1637 I., de 1638 P., de 1639 et de 1644 in-4o portent par erreur prescrire, pour proscrire.
Songe que je suis fille aussi bien comme amante :
Si j’ai vengé mon père aux dépens de ton sang,
Du mien pour te venger j’épuiserai mon flanc ;
Mon âme désormais n’a rien qui la retienne ;
Elle ira recevoir ce pardon de la tienne.
Et toi qui me prétends acquérir par sa mort,
Ministre déloyal de mon rigoureux sort,
[N’espère rien de moi, tu ne m’as point servie.] (1637-56)