Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/274

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TITUS LIVIUS[1].[2]

(XXIII.)… Bellum utrinque summa ope parabatur, civili simillimum bello, prope inter parentes natosque, Trojanam utramque prolem, quum Lavinium ab Troja, ab Lavinio Alba, ab Albanorum stirpe regum oriundi Romani essent. Eventus tamen belli minus miserabilem dimicadonem fecit, quod nec acie certatum est, et tectis modo dirutis alterius urbis, duo populi in unum confusi sunt. Albani priores ingenti exercitu in agrum romanum impetum fecere. Castra ab urbe haud plus quinque millia passuum locant, fossa circumdant : fossa Cluilia ab nomine ducis per aliquot secula appellata est, donec cum

  1. Livre I, chapitres xxiii-xxvi. — Cet extrait de Tite Live ne se trouve que dans les recueils de 1648-1656. — Corneille, après avoir donné, en tête de Cinna, le texte de Sénèque qui lui a fourni le sujet de cette pièce, a eu l’heureuse idée d’y ajouter l’imitation que Montaigne a faite de ce morceau avec son originalité et son indépendance habituelles. À défaut d’un traducteur aussi illustre pour le fragment de Tite Live qui sert d’argument à Horace, nous avons choisi la version de Blaise de Vigenère, la plus récente qui existât au temps où Corneille écrivait sa tragédie.
  2. (XXIII.) « … Déjà d’un très-grand effort d’une part et d’autre s’apprêtoient à la guerre ressemblant à une civile, entre presque les propres pères et les enfants, tous les deux peuples étant descendus de la race troyenne, parce que la ville de Lavinium avoit été fondée par les Troyens, et de Lavinium, venue et peuplée celle d’Albane, et de la lignée des rois d Albane, procédés ceux de Rome. Mais l’issue en fin de la guerre retrancha beaucoup de la compassion pitoyable qui eût pu succéder de cette querelle ; pour autant qu’il n’y eut aucune bataille donnée ; ains seulement l’habitation de l’une des villes étant démolie, les deux peuples furent mêlés et confondus en un seul. Les Albaniens avec une grosse armée furent les premiers à entrer dans le territoire de Rome, où ils se campèrent à cinq mille pas seulement des murailles, se remparant d’une bonne tranchée alentour, qui fut depuis durant quelques siècles appelée la fosse Cluilienne, du nom de leur chef ; jusqu’à ce que par succession de