Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/311

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De tous les deux côtés j’ai des pleurs à répandre ;
De tous les deux côtés mes désirs sont trahis.

HORACE.

Quoi ! Vous me pleureriez mourant pour mon pays !
Pour un cœur généreux ce trépas a des charmes ;
La gloire qui le suit ne souffre point de larmes,
Et je le recevrois en bénissant mon sort,
Si Rome et tout l’État perdoient moins en ma mort[1].

CURIACE.

À vos amis pourtant permettez de le craindre ;
Dans un si beau trépas ils sont les seuls à plaindre :
La gloire en est pour vous, et la perte pour eux ;
Il vous fait immortel, et les rend malheureux :
On perd tout quand on perd un ami si fidèle.
Mais Flavian m’apporte ici quelque nouvelle.


Scène II.

HORACE, CURIACE, FLAVIAN.
CURIACE.

Albe de trois guerriers a-t-elle fait le choix ?

FLAVIAN.

Je viens pour vous l’apprendre[2].

CURIACE.

Je viens pour vous l’apprendre[2].Eh bien, qui sont les trois ?

FLAVIAN.

Vos deux frères et vous.

CURIACE.

Vos deux frères et vous.Qui ?

  1. Var. Si Rome et tout l’État perdoient à ma mort. (1641-56)
  2. La scène commence à ce vers dans les éditions de 1641-56, où le vers précédent termine la scène i.