Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/312

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FLAVIAN.

Vos deux frères et vous. Qui ? Vous et vos deux frères.
Mais pourquoi ce front triste et ces regards sévères ?
Ce choix vous déplaît-il ?

CURIACE.

Ce choix vous déplaît-il ? Non, mais il me surprend :
Je m’estimois trop peu pour un honneur si grand.

FLAVIAN.

Dirai-je au dictateur, dont l’ordre ici m’envoie[1],
Que vous le recevez avec si peu de joie ?
Ce morne et froid accueil me surprend à mon tour.

CURIACE.

Dis-lui que l’amitié, l’alliance et l’amour
Ne pourront empêcher que les trois Curiaces
Ne servent leur pays contre les trois Horaces.

FLAVIAN.

Contre eux ! Ah ! c’est beaucoup me dire en peu de mots.

CURIACE.

Porte-lui ma réponse, et nous laisse en repos.


Scène III.

HORACE, CURIACE.
CURIACE.

Que désormais le ciel, les enfers et la terre
Unissent leurs fureurs à nous faire la guerre ;
Que les hommes, les Dieux, les démons et le sort
Préparent contre nous un général effort !
Je mets à faire pis, en l’état où nous sommes,
Le sort, et les démons, et les Dieux, et les hommes.

  1. Var. Dirai-je au dictateur, qui devers vous m’envoie. (1641-56)