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Scène IV.

HORACE, CURIACE, CAMILLE.
HORACE.

Avez-vous su l’état qu’on fait de Curiace,
Ma sœur ?

CAMILLE.

Ma sœur ?Hélas ! mon sort a bien changé de face.

HORACE.

Armez-vous de constance, et montrez-vous ma sœur ;
Et si par mon trépas il retourne vainqueur,
Ne le recevez point en meurtrier d’un frère,
Mais en homme d’honneur qui fait ce qu’il doit faire,
Qui sert bien son pays, et sait montrer à tous,
Par sa haute vertu, qu’il est digne de vous.
Comme si je vivois, achevez l’hyménée ;
Mais si ce fer aussi tranche sa destinée,
Faites à ma victoire un pareil traitement :
Ne me reprochez point la mort de votre amant.
Vos larmes vont couler, et votre cœur se presse.
Consumez avec lui toute cette foiblesse[1],
Querellez ciel et terre, et maudissez le sort ;
Mais après le combat ne pensez plus au mort.

(À Curiace[2].)

MJe ne vous laisserai qu’un moment avec elle,
Puis nous irons ensemble où l’honneur nous appelle.

  1. Var. Consommez avec lui toute cette foiblesse. (1641-48 et 55 A.)
  2. Cette indication manque dans les éditions de 1641-48 et de 1655 A.