Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/384

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particulièrement de commun avec Auguste : c’est que cette générosité qui compose la meilleure partie de votre âme et règne sur l’autre, et qu’à juste titre on peut nommer l’âme de votre âme, puisqu’elle en fait mouvoir toutes les puissances ; c’est, dis-je, que cette générosité, à l’exemple de ce grand empereur, prend plaisir à s’étendre sur les gens de lettres, en un temps où beaucoup pensent avoir trop récompensé leurs travaux quand ils les ont honorés d’une louange stérile[1]. Et certes[2], vous avez traité quelques-unes de nos muses avec tant de magnanimité, qu’en elles vous avez obligé toutes les autres, et qu’il n’en est point[3] qui ne vous en doive un remerciement. Trouvez donc bon[4], Monsieur, que je m’acquitte de celui que je reconnais vous en devoir, par le présent que je vous fais de ce poème, que j’ai choisi comme le plus durable des miens, pour apprendre plus longtemps à ceux qui le liront que le généreux Monsieur de Montoron, par une libéralité inouïe en ce siècle[5], s’est rendu toutes les muses redevables, et que je prends tant de part aux bienfaits dont vous avez surpris quelques-unes d’elles, que je m’en dirai toute ma vie,

MONSIEUR,
Votre très-humble et très-obligé serviteur[6],
Corneille.

  1. « Il y en a, dit Scarron dans la dédicace que nous venons de citer, qui rendent de l’encens pour de l’encens, et des louanges pour des louanges. »
  2. Ces deux premiers mots de la phrase manquent dans les éditions de 1648-1656.
  3. Var. (édit. de 1648-1656) : de sorte qu’il n’en est point.
  4. Var. (édit. de 1648-1656) : Trouvez bon.
  5. Voyez p. 369, note 1.
  6. Var. (édit. de 1648-1656) : Votre très-humble, très-obéissant et très-obligé serviteur.