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CINNA[1].
TRAGÉDIE.

ACTE I.


Scène PREMIÈRE.


ÉMILIE[2].

Impatients désirs d’une illustre vengeance
Dont la mort de mon père a formé la naissance[3],
Enfants impétueux de mon ressentiment,

  1. L’édition originale a pour titre, comme nous l’avons dit dans la Notice Cinna, ov la clemence d’Avgvste.
  2. Émilie ne se trouve pas sur le théâtre ; elle y entre au commencement de la pièce ; c’est Corneille qui nous l’apprend en ces termes dans le Discours des trois unités (tome I, p. 108 et 109) : « L’auditeur attend l’acteur ; et bien que le théâtre représente la chambre ou le cabinet de celui qui parle, il ne peut toutefois s’y montrer qu’il ne vienne de derrière la tapisserie, et il n’est pas toujours aisé de rendre raison de ce qu’il vient de faire en ville avant que de rentrer chez lui, puisque même quelquefois il est vraisemblable qu’il n’en est pas sorti. Je n’ai vu personne se scandaliser de voir Émilie commencer Cinna sans dire pourquoi elle vient dans sa chambre : elle est présumée y être avant que la pièce commence, et ce n’est que la nécessité de la représentation qui la fait sortir de derrière le théâtre pour y venir. » — Voyez sur ce monologue le Discours du poëme dramatique (tome I, p. 45). — « Plusieurs actrices, dit Voltaire, ont supprimé ce monologue dans les représentations. Le public même paraissait souhaiter ce retranchement… Cependant j’étais si touché des beautés répandues dans cette première scène, que j’engageai l’actrice qui jouait Émilie à la remettre au théâtre, et elle fut très-bien reçue. »
  3. Var. À qui la mort d’un père a donné la naissance. (1643-56)
    ---Var. Que d’un juste devoir soutient la violence. (1660).