Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/403

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L’heure, le lieu, le bras se choisit aujourd’hui ;
Et c’est à faire enfin à mourir après lui.140


Scène iii

CINNA, ÉMILIE, FULVIE.
ÉMILIE.

Mais le voici qui vient. Cinna, votre assemblée
Par l’effroi du péril n’est-elle point troublée[1] ?
Et reconnaissez-vous au front de vos amis
Qu’ils soient prêts à tenir ce qu’ils vous ont promis ?

CINNA.

Jamais contre un tyran entreprise conçue145
Ne permit d’espérer une si belle issue ;
Jamais de telle ardeur on n’en jura la mort[2],
Et jamais conjurés ne furent mieux d’accord ;
Tous s’y montrent portés avec tant d’allégresse,
Qu’ils semblent, comme moi, servir une maîtresse[3] ;150
Et tous font éclater un si puissant courroux,
Qu’ils semblent tous venger un père comme vous.

ÉMILIE.

Je l’avais bien prévu, que, pour un tel ouvrage,
Cinna sauroit choisir des hommes de courage,
Et ne remettroit pas en de mauvaises mains155
L’intérêt d’Émilie et celui des Romains.

CINNA.

Plût aux Dieux que vous-même eussiez vu de quel zèle
Cette troupe entreprend une action si belle !
Au seul nom de César, d’Auguste, et d’empereur,

  1. Var. Des grandeurs du péril n’est-elle point troublée ? (1643-56)
  2. Var. Jamais de telle ardeur on ne jura sa mort. (1643-56)
  3. Var. Qu’ils semblent, comme moi, venger une maîtresse. (1643)