Je fais gloire, pour moi, de cette ignominie :
La perfidie est noble envers la tyrannie ;
Et quand on rompt le cours d’un sort si malheureux[1],
Les cœurs les plus ingrats sont les plus généreux.
Vous faites des vertus au gré de votre haine.
Je me fais des vertus dignes d’une Romaine.
Un cœur vraiment romain…
Une odieuse vie à qui le fait servir[2] :
Il fuit plus que la mort la honte d’être esclave.
C’est l’être avec honneur que de l’être d’Octave ;
Et nous voyons souvent des rois à nos genoux
Demander pour appui tels esclaves que nous[3].
Il abaisse à nos pieds l’orgueil des diadèmes,
Il nous fait souverains sur leurs grandeurs suprêmes ;
Il prend d’eux les tributs dont il nous enrichit,
Et leur impose un joug dont il nous affranchit.
L’indigne ambition que ton cœur se propose !
Pour être plus qu’un roi, tu te crois quelque chose !
Aux deux bouts de la terre en est-il un si vain[4]
Qu’il prétende égaler un citoyen romain ?
Antoine sur sa tête attira notre haine