Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/45

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de trop courts fragments des réponses de notre poëte, que nous avons classés à leur date parmi ses lettres.

Dans une de ces réponses, tout en énumérant les inconvénients qu’il y avait pour la Compagnie à s’occuper de cette querelle, il lui échappa de dire : « Messieurs de l’Académie peuvent faire ce qu’il leur plaira. »

« Il n’en falloit pas davantage, au moins suivant l’opinion du Cardinal, dit Pellisson, pour fonder la jurisdiction de l’Académie, qui pourtant se défendoit toujours d’entreprendre ce travail ; mais enfin il s’en expliqua ouvertement, disant à un de ses domestiques : « Faites savoir à ces Messieurs que je le désire, et que je les aimerai comme ils m’aimeront. »

« Alors on crut qu’il n’y avoit plus moyen de reculer, et l’Académie s’étant assemblée le 16 juin 1637, après qu’on eut lu la lettre de M. de Scudéry pour la Compagnie, celles qu’il avoit écrites sur le même sujet à M. Chapelain, et celles que M. de Boisrobert avoit reçues de M. Corneille ; après aussi que le même M. de Boisrobert eut assuré l’assemblée que Monsieur le Cardinal avoit agréable ce dessein, il fut ordonné que trois commissaires seroient nommés pour examiner le Cid et les Observations contre le Cid ; que cette nomination se feroit à la pluralité des voix par billets qui ne seroient vus que du secrétaire. Cela se fit ainsi, et les trois commissaires furent M. de Bourzey[1], M. Chapelain et M. des Marests. La tâche de ces trois messieurs n’étoit que pour l’examen du corps de l’ouvrage en gros ; car pour celui des vers, il fut résolu qu’on le feroit dans la Compagnie[2]. MM. de Cerisy, de Gombauld, Baro et l’Estoile furent seulement chargés de les voir en particulier et de rapporter leurs observations, sur lesquelles l’Académie ayant délibéré en diverses conférences, ordinaires et extraordinaires, M. des Marests eut ordre d’y mettre la dernière main. Mais pour l’examen de l’ouvrage en gros, la chose fut un peu plus difficile. M. Chapelain présenta premièrement ses mémoires ; il fut or-

  1. Ce nom est imprimé ainsi dans le texte de Pellisson ; toutefois, dans son Catalogue des Messieurs de l’Académie françoise, p. 523 de la Relation, il écrit l’abbé de Bourzeyz ; Bourzeis est la forme adoptée le plus généralement.
  2. Registres du 30 juin 1637. (Note de Pellisson.)