Sauvons-nous, Émilie, et conservons le jour,
Afin de le venger par un heureux retour.
Cinna dans son malheur est de ceux qu’il faut suivre,
Qu’il ne faut pas venger, de peur de leur survivre :
Quiconque après sa perte aspire à se sauver
Est indigne du jour qu’il tâche à conserver.
Quel désespoir aveugle à ces fureurs vous porte ?
Ô Dieux ! que de foiblesse en une âme si forte !
Ce cœur si généreux rend si peu de combat,
Et du premier revers la fortune[1] l’abat !
Rappelez, rappelez cette vertu sublime ;
Ouvrez enfin les yeux, et connoissez Maxime :
C’est un autre Cinna qu’en lui vous regardez ;
Le ciel vous rend en lui l’amant que vous perdez ;
Et puisque l’amitié n’en faisoit plus qu’une âme,
Aimez en cet ami l’objet de votre flamme ;
Avec la même ardeur il saura vous chérir,
Que…
Tu prétends un peu trop ; mais quoi que tu prétendes,
Rends-toi digne du moins de ce que tu demandes :
Cesse de fuir en lâche un glorieux trépas,
Ou de m’offrir un cœur que tu fais voir si bas ;
Fais que je porte envie à ta vertu parfaite ;
Ne te pouvant aimer, fais que je te regrette ;
Montre d’un vrai Romain la dernière vigueur,
Et mérite mes pleurs au défaut de mon cœur.
Quoi ! si ton amitié pour Cinna s’intéresse[2],