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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/455

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MAXIME.

Euphorbe trompe Auguste avec ce faux rapport :
Se voyant arrêté, la trame découverte,
Il a feint ce trépas pour empêcher ma perte.

ÉMILIE.

Que dit-on de Cinna ?

MAXIME.

Que dit-on de Cinna ?Que son plus grand regret
C’est de voir que César sait tout votre secret[1] ;1320
En vain il le dénie et le veut méconnoître,
Évandre a tout conté pour excuser son maître,
Et par ordre d’Auguste on vient vous arrêter.

ÉMILIE.

Celui qui l’a reçu tarde à l’exécuter :
Je suis prête à le suivre et lasse de l’attendre.1325

MAXIME.

Il vous attend chez moi.

ÉMILIE.

Il vous attend chez moi. Chez vous !

MAXIME.

Il vous attend chez moi. Chez vous ! C’est vous surprendre ;
Mais apprenez le soin que le ciel a de vous :
C’est un des conjurés qui va fuir avec nous.
Prenons notre avantage avant qu’on nous poursuive ;
Nous avons pour partir un vaisseau sur la rive[2]. 1330

ÉMILIE.

Me connois-tu, Maxime, et sais-tu qui je suis ?

MAXIME.

En faveur de Cinna je fais ce que je puis,
Et tâche à garantir de ce malheur extrême
La plus belle moitié qui reste de lui-même.

  1. Var. Est de voir que César sait tout votre secret. (1643-56)
  2. Var. Nous avons un vaisseau tout prêt dessus la rive. (1643-56)