De tous ces meurtriers te dirai-je les noms ?
Procule, Glabrion, Virginian, Rutile,
Marcel, Plaute, Lénas, Pompone, Albin, Icile,
Maxime, qu’après toi j’avois le plus aimé[1] :
Le reste ne vaut pas l’honneur d’être nommé :
Un tas d’hommes perdus de dettes et de crimes,
Que pressent de mes lois les ordres légitimes,
Et qui désespérant de les plus éviter,
Si tout n’est renversé, ne sauroient subsister.
Tu te tais maintenant, et gardes le silence,
Plus par confusion que par obéissance.
Quel étoit ton dessein[2], et que prétendois-tu
Après m’avoir au temple à tes pieds abattu ?
Affranchir ton pays d’un pouvoir monarchique ?
Si j’ai bien entendu tantôt ta politique,
Son salut désormais dépend d’un souverain,
Qui pour tout conserver tienne tout en sa main ;
Et si sa liberté te faisoit entreprendre,
Tu ne m’eusses jamais empêché de la rendre ;
Tu l’aurois acceptée au nom de tout l’État,
Sans vouloir l’acquérir par un assassinat.
Quel étoit donc ton but ? D’y régner en ma place ?
D’un étrange malheur son destin le menace,
Si pour monter au trône et lui donner la loi
Tu ne trouves dans Rome autre obstacle que moi[3],
- ↑ Monvel comptait ici les conjurés sur ses doigts ; après le nom de Maxime, il laissait retomber sa main en disant la fin du vers, puis il semblait s’apprêter à reprendre son compte, qu’il abandonnait définitivement en disant : Le reste ne vaut pas l’honneur d’être nommé.Talma admirait fort ce jeu de scène très-familier, mais d’un effet saisissant, et il fut longtemps avant d’oser le pratiquer.
- ↑ Et quum defixum videret, nec ex conventione jam, sed ex conscientia tacentem : « Quo, inquit, hoc animo facis ? » (P. 375.)
- ↑ Ut ipse princeps ? Male, mehercule, cum republica agitur, si tibi ad imperandum nihil præter me obstat. (Ibidem.)