Scène II.
Vous ne connoissez pas encor tous les complices
Votre Émilie en est, Seigneur, et la voici.
C’est elle-même, ô Dieux !
Et toi, ma fille, aussi !
Oui, tout ce qu’il a fait, il l’a fait pour me plaire[1],
Et j’en étois, Seigneur, la cause et le salaire.
Quoi ? l’amour qu’en ton cœur j’ai fait naître aujourd’hui
T’emporte-t-il déjà jusqu’à mourir pour lui ?
Ton âme à ces transports un peu trop s’abandonne,
Et c’est trop tôt aimer l’amant que je te donne.
Cet amour qui m’expose à vos ressentiments
N’est point le prompt effet de vos commandements ;
Ces flammes dans nos cœurs sans votre ordre étoient nées[2],
Et ce sont des secrets de plus de quatre années ;
Mais, quoique je l’aimasse et qu’il brûlât pour moi,
Une haine plus forte à tous deux fit la loi ;
Je ne voulus jamais lui donner d’espérance,
Qu’il ne m’eût de mon père assuré la vengeance ;
Je la lui fis jurer ; il chercha des amis :
Le ciel rompt le succès que je m’étois promis,