Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/51

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neille, mais par malheur il le désigne d’une façon fort obscure pour nous. « Quand j’ai vu, dit-il en parlant de notre poëte, que l’on ne cessoit d’écrire pour et contre, qu’il ne paroissoit que de la passion et de l’excès, soit à le blâmer ou à le défendre, et que le pédant qui a pris sa cause, sembloit avoir eu plus de soin de défendre son affiche de la morale de la cour, et de paroître grand logicien, que de rien faire à l’avantage de Corneille, je me suis enfin résolu, attendant le jugement de l’Académie, de faire voir le mien, qui est, ce me semble, le sentiment des honnêtes gens d’entre le peuple ; et sans avoir égard ni à la colère des poëtes qui l’ont voulu mettre aussi bas qu’il s’étoit mis haut, ni aux louanges excessives que lui donnent ses adorateurs, j’ai voulu le défendre contre ce qu’il y avoit d’injustice dans les Observations de Scudéry, et montrer aussi que l’on sait la portée de son mérite, et que le sens commun n’est pas entièrement banni de la tête de ceux qui ne sont ni savants, ni auteurs. » Il ne faut pas oublier toutefois que ce critique, en apparence si équitable à l’égard de Corneille, n’hésite pas à dire avec ses ennemis qu’« il ne devoit point faire imprimer le Cid. »

Nous voici arrivés à l’Epistre familière du Sr Mayret au Sr Corneille sur la tragi-comedie du Cid[1]. Ce pamphlet est le seul qui porte une date de jour ; il est du 4 juillet 1637. On trouve p. 30, après la pièce principale, la Responce à l’Amy du Cid sur ses inuectives contre le Sr Claueret, où est cité le Jugement du marguillier, ce qui justifie la place que nous avons donnée à cet écrit.

« Monsieur, dit Mairet au commencement de son Épître, si je croyois le bruit commun qui vous déclare déjà l’auteur de ces mauvais papiers volants qu’on voit tous les jours paroître à la défense de votre ouvrage, je me plaindrois de vous à vous-même, de l’injustice que l’on me fait en un libelle de votre style et peut-être de votre façon ; mais comme l’action est trop indigne d’un honnête homme, je suspendrai pour quelque temps ma créance en votre faveur, et me contenterai (puisque la querelle de votre Cid vous a rendu chef de parti) de vous

  1. À Paris, chez Anthoine de Sommaville. Au Palais, dans la petite Sale, à l’Escu de France. M.DC.XXXVII, in-8o de 38 pages.