Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/95

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en honras mal entendidas,
de tentaciones vencidas
hacen culpas declaradas
enY asi, la que et desear
con el resistir apunta,
vence dos veces, si junta
con el resistir el callar[1].


C’est, si je ne me trompe, comme agit Chimène dans mon ouvrage, en présence du Roi et de l’Infante. Je dis en présence du Roi et de l’Infante, parce que quand elle est seule, ou avec sa confidente, ou avec son amant, c’est une autre chose. Ses mœurs sont inégalement égales[2], pour parler en termes de notre Aristote, et changent suivant les circonstances des lieux, des personnes, des temps et des occasions, en conservant toujours le même principe.

Au reste, je me sens obligé de désabuser le public de deux erreurs qui s’y sont glissées touchant cette tragédie, et qui semblent avoir été autorisées par mon silence. La première est que j’aye convenu de juges touchant son mérite[3], et m’en sois rapporté au sentiment de ceux qu’on a priés d’en juger. Je m’en tairois encore, si ce faux bruit n’avoit été jusque chez M. de Balzac dans sa province, ou, pour me servir de ses paroles mêmes, dans son désert[4],

  1. « Si le monde a raison de dire que ce qui éprouve le mérite d’une femme, c’est d’avoir des désirs à vaincre, des occasions à rejeter, je n’aurais ici qu’à exprimer ce que je sens : mon honneur n’en deviendrait que plus éclatant. Mais une malignité qui se prévaut de notions d’honneur mal entendues convertit volontiers en un aveu de faute ce qui n’est que la tentation vaincue. Dès lors la femme qui désire et qui résiste également, vaincra deux fois, si en résistant elle sait encore se taire. »
  2. Voyez tome I, p. 38.
  3. Voyez ci-dessus, p. 47, 48 et 66.
  4. « Le désert ne m’a pas rendu si sauvage que je ne sois touché des raretés qu’on nous apporte du monde, » dit Balzac dans sa lettre à Scudéry.