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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/28

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AU LECTEUR[1].


Si je voulois faire ici ce que j’ai fait en mes deux derniers ouvrages[2], et te donner le texte ou l’abrégé des auteurs dont cette histoire est tirée, afin que tu pusses remarquer en quoi je m’en serois écarté pour l’accommoder au théâtre, je ferois un avant-propos dix fois plus long que mon poëme, et j’aurois à rapporter des livres entiers de presque tous ceux qui ont écrit l’histoire romaine. Je me contenterai de t’avertir que celui dont je me suis le plus servi a été le poëte Lucain, dont la lecture m’a rendu si amoureux de la force de ses pensées et de la majesté de son raisonnement, qu’afin d’en enrichir notre langue, j’ai fait cet effort pour réduire en poëme dramatique ce qu’il a traité en épique[3]. Tu trouveras ici cent ou deux cents vers traduits ou imités de lui[4]. J’ai tâché de le suivre dans le reste[5], et de prendre son caractère quand son exemple m’a manqué : si je suis de-

  1. Voyez ci-dessus, p. 11, note 1.
  2. Var. (édit. 1648-1656) : en mes derniers ouvrages. — Dans l’impression originale dont nous suivons le texte pour ces préliminaires, Corneille ne parle que de ses deux derniers ouvrages, parce que pour le Cid et Horace il n’a pas donné les extraits de Mariana et de Tite Live dans la première édition de chacune de ces pièces, mais seulement dans les recueils antérieurs à 1660 : voyez tome III, p. 79, note 1, et p. 262, note 1.
  3. L’avis Au lecteur finit ici dans des éditions de 1654 et de 1656.
  4. Voyez ci-après l’Appendice, p. 103 et suivantes.
  5. Var. (éd. de 1648, 1652 et 1655) : cent ou deux cents vers traduits ou imités de lui, que tu reconnoîtras aux mêmes marques que tu as déjà reconnu ce que j’ai emprunté de D. Guillen de Castro dans le Cid. J’ai tâché de suivre ce grand homme dans le reste. — Les impressions de 1648,1652 et 1655 sont les seules qui aient cette variante, parce qu’elles sont aussi les seules où Corneille ait placé au bas des pages, pour le Cid, les extraits de Guillen de Castro : voyez tome III, p. 199, note 2.