Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/292

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Suite du Menteur et la seconde qu’à Pertharite, joué en 1653. Par malheur, il est impossible de recourir au texte même : car, bien que M. Sainte-Beuve possède la plus grande partie des lettres inédites de Chapelain, « cette précieuse copie autographe est, comme le fait remarquer M. Taschereau[1], incomplète d’un volume (1641 à 1658). » Ce que nous venons de dire prouve que Gouget avait probablement parcouru ce volume aujourd’hui perdu, et, faute de mieux, son témoignage nous fournira encore d’utiles renseignements en d’autres circonstances.

Corneille reconnaît en plus d’un endroit[2] que la pièce qui nous occupe a beaucoup moins bien réussi que la précédente ; mais il nous apprend que, « quatre ou cinq ans après, la troupe du Marais la remit au théâtre avec un succès plus heureux[3]. » C’est sans doute cette phrase qui a fait supposer fort gratuitement que le Menteur et la Suite n’avaient pas d’abord été donnés au Marais, mais qu’ils y avaient seulement été repris[4].

Voltaire affectionnait cet ouvrage ; il s’exprime ainsi dans la préface du commentaire qu’il lui a consacré : « La Suite du Menteur ne réussit point. Serait-il permis de dire qu’avec quelques changements elle ferait au théâtre plus d’effet que le Menteur même ? »

Andrieux voulut tenter l’aventure ; il mit la pièce en quatre actes, et la fit ainsi représenter, le 26 germinal an xi (1803), sur le théâtre Louvois. Puis, mécontent de son essai, qui avait pourtant été accueilli d’une manière assez favorable, il crut pouvoir trouver des modifications plus heureuses, remit l’ouvrage en cinq actes, et le fit jouer en 1810, avec de nouveaux changements, sur le théâtre de l’Impératrice (aujourd’hui l’Odéon). Toutefois, cette comédie n’a pu se maintenir

  1. Histoire de la vie et des ouvrages de P. Corneille, 2e édition, p. vii.
  2. Voyez p. 279 et 285.
  3. Voyez p. 286.
  4. On lit dans le Journal du Théâtre français (tome II, fol. 853 verso) : « La troupe royale mit au théâtre au commencement du mois suivant (décembre 1643) une comédie nouvelle de Corneille intitulée la Suite du Menteur… Cette pièce… n’eut que trois représentations ; mais les comédiens du Marais l’ayant remise quatre ans après à leur théâtre, elle en eut dix, et elle y fut très-applaudie. »