Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/293

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au répertoire ; mais aucune peut-être ne mériterait davantage de devenir l’objet, au moins passager, d’une de ces intéressantes reprises que, depuis quelque temps, le Théâtre-Français a si à propos multipliées. En effet, si le plan et l’ordonnance laissent quelque chose à désirer, la Suite du Menteur n’en offre pas moins des rôles excellents, des scènes charmantes et des situations fort gaies.

L’édition originale a pour titre : La Svite du Menteur, comedie. Imprimé à Roüen, et se vend à Paris, chez Antoine de Sommauille… et Augustin Courbé… M.DC.XLV, in-4o de 6 feuillets et 136 pages. On lit à la fin du privilége : « Acheué d’imprimer pour la premiere fois à Rouen, par Laurens Maurry, ce dernier septembre 1645. »



ÉPÎTRE[1].


Monsieur,

Je vous avois bien dit que le Menteur ne seroit pas le dernier emprunt ou larcin que je ferois chez les Espagnols[2] : en voici une Suite qui est encore tirée du même original, et dont Lope a traité le sujet sous le titre de Amar sin saber á quien. Elle n’a pas été si heureuse au théâtre que l’autre, quoique plus remplie de beaux sentiments et de beaux vers. Ce n’est pas que j’en veuille accuser ni le défaut des acteurs, ni le mauvais jugement du peuple : la faute en est toute à moi, qui devois mieux prendre mes mesures, et choisir des sujets plus répondants au goût de mon auditoire. Si j’étois de ceux qui tiennent que la poésie a pour but de profiter aussi bien que de plaire[3], je tâcherois de vous persuader que celle-ci

  1. Cette épître ne se trouve que dans les éditions antérieures à 1660.
  2. Voyez l’Épître en tête du Menteur, p. 131.
  3. Voyez tome II, p. 119 et note 3.