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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/311

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DORANTE.

Une dame ?

CLITON.

Une dame ?Lisez sans faire de façons :
Dieu nous aime, Monsieur, comme nous sommes bons ;
175Et ce n’est pas là tout, l’amour ouvre son coffre,
Et l’argent qu’elle tient vaut bien le cœur qu’elle offre.

DORANTE lit.

Au bruit du monde qui vous conduisoit prisonnier, j’ai mis les yeux à la fenêtre, et vous ai trouvé de si bonne mine, que mon cœur est allé dans la même prison que vous, et n’en veut point sortir tant que vous y serez. Je ferai mon possible pour vous en tirer au plus tôt. Cependant obligez-moi de vous servir de ces cent pistoles que je vous envoie : vous en pouvez avoir besoin en l’état où vous êtes, et il m’en demeure assez d’autres à votre service.

(Dorante continue.)

Cette lettre est sans nom.

CLITON.

Cette lettre est sans nom.Les mots en sont françois.

(À Lyse[1].)

Dis-moi, sont-ce louis, ou pistoles de poids[2] ?

DORANTE.

Tais-toi.

LYSE.

Tais-toi.Pour ma maîtresse il est de conséquence
180De vous taire deux jours son nom et sa naissance ;
Ce secret trop tôt su peut la perdre d’honneur.

DORANTE.

Je serai cependant aveugle en mon bonheur ?
Et d’un si grand bienfait j’ignorerai la source ?

  1. Cette indication manque dans l’édition de 1645.
  2. « Pistole, pièce d’or qui n’est point battue au coin de France et qui vaut